Au CHU Rangueil, on lave le sang des malades qui ont du cholestérol…

Le CHU de Toulouse a été le premier établissement du grand sud à mettre en place la LDL-aphérèse. Cette technique permet d’épurer le sang des patients au taux de cholestérol très élevé.

«Laver» le sang grâce à la LDL-aphérèse. C’est la technique proposée aux patients dont le taux de mauvais cholestérol reste particulièrement élevé malgré les traitements médicamenteux. Elle est pratiquée depuis presque dix ans au CHU de Toulouse, seul établissement du grand sud-ouest à la proposer avant que Bordeaux n’entre dans le circuit en 2011. Elle a pour effet d’éviter les rechutes chez les patients déjà victimes d’accidents cardiaques. Une douzaine de personnes, issues des quatre coins de la région Midi-Pyrénées, sont actuellement traitées à Toulouse. Elles sont reçues toutes les deux semaines à l’hôpital Larrey par l’équipe du docteur Antoine Huart.

C’est le cas de Prosper, un habitant de Balma, traité depuis janvier 2007. Après deux heures dans l’unité d’aphérèse thérapeutique, il rentrera chez lui, le sang régénéré. «Dans moins de 48 heures je pourrai remonter sur mon vélo !»

«Les premiers traitements par LDL-aphérèse existent depuis plus de trente ans. De nombreuses études ont prouvé leur efficacité mais elles ont été oubliées. Les cas les plus graves ne sont peut-être pas traités chez nous» regrette le professeur Jean Ferrières du pôle cardio-vasculaire et métabolique de l’hôpital Rangueil.

«On rallonge l’espérance de vie, avec moins de médicaments. Aucun n’a eu de récidive d’infarctus ou à subir de pontage. On évite des lésions graves des artères» poursuit le cardiologue.

«Cette technique permet d’épurer le sang sélectivement, grâce à un mécanisme physico-chimique. Des billes pompent le mauvais cholestérol sans toucher au bon cholestérol. On réduit le taux de mauvais cholestérol jusqu’à 75 %» résume le professeur Jacques Pourrat, néphrologue, à l’initiative de la mise en place de la LDL-aphérèse au CHU de Toulouse.

«Patients et médecins méconnaissent cette technique et l’assimilent, à tort, à la dialyse. Les Allemands l’acceptent mieux : ils traitent un millier de personnes chaque année, contre 150 en France.»

Le développement d’une telle technique s’explique également par son coût élevé (1 341 € la séance en 2010) et par la contrainte liée aux déplacements et à l’absentéisme généré par les séances.


Le chiffre : 150

patients > En France. Peu connue, la technique d’épuration du sang par LDL-aphérèse est pratiquée sur 150 patients en France. Ils sont dix fois plus en Allemagne.

«Une personne sur 500 souffre d’hypercholestérolémie sévère. C’est génétique mais c’est silencieux. Il faut plus de dépistage. Une prise de sang suffit».

Professeur Jean Ferrières, cardiologue, hôpital Rangueil