L’horreur au cœur du marché de Noël. Un homme au volant d’une camionnette a foncé sur des passants, lundi soir dans le centre de Nantes. Il a blessé dix personnes, dont cinq gravement. Un pronostic vital est engagé. Parmi les blessés, le conducteur lui-même, qui s’est assené plusieurs coups de couteau à l’issue de sa course folle.

Le drame s’est déroulé place Royale, une zone piétonne où se tient traditionnellement le marché de Noël nantais. Le conducteur, âgé d’environ 35 ans, a foncé sur un chalet où était servi du vin chaud et devant lequel se trouvaient plusieurs personnes. Mohammed, un quinquagénaire en casquette et doudoune, raconte à metronews : « On était à côté du McDo quand on a entendu du bruit. On a couru dehors, il y avait un monsieur qui s’est planté avec un couteau de cuisine. On s’est précipité sur lui pour le lui enlever. Il y avait plusieurs personnes par terre. »

« Je n’avais jamais vu ça »

Toujours selon Mohammed, le forcené, « un homme blanc qui n’a rien dit sur ses intentions », n’était pas « dans un état normal ». « Il n’a rien dit, juste qu’il n’était pas bien, et il est resté dans sa voiture. Heureusement, il n’allait pas à grande vitesse, sinon il y aurait eu plus de dégâts. C’était une scène de panique, je n’avais jamais vu ça. »

Dans la camionnette du forcené, un petit carnet a été retrouvé par les autorités, selon la procureure de la République Brigitte Lamy. A l’intérieur, les enquêteurs auraient découvert plusieurs phrases incohérentes, certaines faisant référence à des envies suicidaires. « Il n’y a pas eu de revendications particulières pour l’instant », a précisé en début de soirée la procureure. Démentant qu’une phrase « du type ‘Allah Akbar’  » ait été lancée, elle a assuré : « Ce n’est pas un acte terroriste. Ça me paraît être un acte isolé ».

« Il avait l’air drogué »

Sur la place, bouclée par la police, le calme était revenu en début de soirée. Les gens déambulaient, certains s’approchaient des barrages de police pour poser des questions. Chacun a sa théorie : « C’est le moment des fêtes, les gens se sentent seuls et ils dépriment », imagine un homme. Un autre a relevé que le véhicule « n’était pas d’ici », puisque sa plaque d’immatriculation indiquait le 17 (les Charente-Maritime). « Il avait l’air drogué », ajoute-t-il. Des rumeurs courent sur d’éventuelles paroles que l’homme aurait prononcées. Gilles Nicolas, adjoint en charge de la sécurité, ne confirme rien et incite à la prudence : « Il faut laisser les services de police faire leur travail. »

Arrivé sur place peu avant minuit, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a estimé que « l’acte de ce soir n’est pas un acte qui a un fondement politique, qui résulte d’une visée terroriste ou qui aurait une inspiration de radicalité religieuse ».
« Il s’agit vraisemblablement de l’acte d’un déséquilibré, il s’en est produit par le passé, ce sont des actes plus difficiles à prévenir que d’autres », a-t-il admis.

Si les circonstances précises de ce nouveau drame restent à établir, il résonne étrangement avec celui qui s’est déroulé dimanche à Dijon. Un homme déséquilibré, régulièrement hospitalisé en unité psychiatrique depuis 2001, avait en effet foncé en voiture sur des passants à Dijon, blessant treize personnes en criant « Allah Akbar ».

Vidéo:http://www.dailymotion.com/video/x2d5hpn_nantes-la-personne-semblait-se-frapper-au-thorax-raconte-un-temoin-de-la-scene_news