Roussillon : 800 personnes évacuées et un mort à cause des crues…

crue audeUne femme noyée au sud de Perpignan, hier, des centaines de riverains de la rivière Agly en crue évacués et des milliers d’autres menacés… Les départements des Pyrénées-Orientales, de l’Aude et de l’Hérault sont pris dans la tourmente.

«On ne peut pas exclure des débordements, c’est un événement d’ampleur». La phrase du secrétaire général de la préfecture des Pyrénées-Orientales, Pierre Regnault de la Mothe hier, résume l’urgence de la situation, comparable, selon Vigicrues, à celle de novembre 1999. Depuis les vents violents qui ont violemment balayé tout le Grand Sud, lundi et mardi, le littoral a en effet à faire à de sacrées déferlantes maritimes qui font monter dangereusement le niveau des cours d’eau.

Devant un tel risque, la préfecture a ordonné, hier, l’évacuation de 800 personnes et la mise sous surveillance de 1000 autres vivants à moins de 200 mètres de l’Agly, dans les P.-O. L’opération a concerné les six communes situées le plus près de l’embouchure de la rivière, à partir de Rivesaltes où le cours d’eau a allègrement dépassé les 7 mètres, et jusqu’au Barcarès. Claira, Pia, Saint-Laurent de la Salanque et Toreilles ont également été évacuées. Par précaution, tous les centres d’hébergement prévus par les plans d’évacuation d’urgence ont été ouverts aux habitants.

Le département a été placé en alerte rouge aux crues par Météo France jusqu’à aujourd’hui 16 heures. L’Aude et l’Hérault sont eux en vigilance orange. Hier, vers 17 heures, le niveau de la rivière Aude qui traverse notamment Coursan était élevé, et des habitants commençaient à voir l’eau pénétrer dans leurs jardins.

Un mort à Perpignan

Après la mort d’un pêcheur à la ligne jeté à la mer à Gruissan, la veille, les crues des cours d’eau dans l’Aude et les Pyrénées-orientales ont provoqué vers 7 heures du matin, hier, la noyade d’une automobiliste imprudente. Cette femme de 43 ans, qui se rendait à son travail avant le lever du jour a tenté de franchir un passage à gué interdit depuis mardi soir sur le Réart, à Pollestres, à une dizaine de kilomètres au sud de Perpignan.

La petite rivière de 30 km de long se jetant dans l’étang de Canet, n’était pourtant qu’en alerte jaune pour Vigicrues, en principe moins sévère que l’alerte orange qui concerne depuis hier l’Agly, au nord de Perpignan et l’Orbieu dans l’Aude. Mais son lit charriait des flots tumultueux chargés d’alluvions marron quand la malheureuse a forcé le passage signalé par des barrières et des flashes lumineux à bord de sa voiture. La Peugeot a été emportée, avant de s’immobiliser un peu plus loin, à demi immergée. Selon des témoignages rapportés aux secours, l’automobiliste s’est extraite du véhicule mais elle a été emportée par les flots.

Pompiers et gendarmes ont cherché son corps avec des plongeurs et le concours d’un hélicoptère pendant près de quatre heures avant de le découvrir à environ 2 kilomètres en aval, au lieu-dit Cap de La Fouste, sur le territoire de Villeneuve-de-la-Raho.

Sur le littoral, c’est la mer gonflée par les vents violents de ces derniers jours, qui force les autorités à évacuer les lotissements les plus vulnérables. Dans l’Aude et les Pyrénées-Orientales, le risque de submersion et de déferlement est encore important, les vagues atteignant des hauteurs de six mètres.

A Leucate, la mer fait une brèche dans un muret

Au Barcarès, une dizaine de personnes d’un lotissement de bord de mer ont été évacuées avant d’être relogées dans une salle polyvalente de la commune. Dix kilomètres plus loin, à Leucate-plage dans l’Aude, 63 personnes ont été évacuées d’un lotissement et d’un camping dont 7 en hélicoptère. La mer avait fini par faire une brèche dans un muret protégeant la zone, désormais plongée dans 50 centimètres d’eau.

La préfecture des Pyrénées-Orientales a appelé «à la plus grande prudence de tous» hier à la mi-journée en soulignant que 150 à 180 mm de pluie étaient déjà tombés sur le département et en prévoyant des précipitations fortes en plaine et sur le littoral jusqu’à 17 heures.

Si la vigilance orange restait de mise au moins jusqu’à 18 heures sur les côtes de l’Aude, de l’Hérault et des Pyrénées-Orientales, la vigilance orange pour vents forts a été levée sur le littoral méditerranéen, ainsi que dans le Tarn et la Haute-Garonne où elle était en vigueur depuis lundi.


«J’ai pensé que c’était fini pour moi»

Plus de 800 personnes ont été évacuées en moins de 24 heures dans les Pyrénées-Orientales et l’Aude, fuyant la montée de tous les cours d’eau, dont l’Agly qui a brisé une de ses digues, hier en fin de journée en amont de Torreilles (Pyrénées-Orientales).

La brêche s’est ouverte alors que le cours d’eau était au maximum de son débit de crue, à plus de 7 mètres, à hauteur de Rivesaltes. A ce moment-là, Olivier (photo), employé du marché Saint-Charles, se trouvait au volant de sa voiture sur une route à peine mouillée. «Il y avait un peu d’eau. Puis le niveau est monté brutalement. Je ne pouvais pas ouvrir la portière J’ai eu juste le temps de baisser la vitre et de sauter de la voiture. J’ai eu le sentiment que c’était fini pour moi. Ensuite, j’ai marché pendant une demi-heure avec de l’eau jusqu’au nombril. J’étais dans le noir. Je m’efforçais de rester sur la route sans trop savoir» raconte-t-il, à peine remis de ses émotions dans sa salle polyvalente où les habitants les plus exposés ont passé la nuit.

Vers 22heures, la ville était en partie encerclée par les eaux, comme cela avait été le cas à Rivesaltes un peu plus tôt. Les pluies torrentielles qui se sont abattues notamment sur le Vallespir et les Corbières ont entraîné la crue de tous les cours, dont le Réhar, torrent ultra-violent qui a emporté une femme de 43 ans dont la voiture a été emportée sur un passage à gué.

La tempête de Méditerranée, avec des vagues hallucinantes de 7 mètres, a martyrisé le littoral, de Leucate (Aude) à Cerbère. A Leucate-Plage, la houle a brisé une digue, transformant le quartier du front de mer en Cité lacustre. Au Barcarès, un lotissement a été inondé et évacué.

Christian Goutorbe