Amiens: la police met le nez dans les affaires des pompiers ….

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Est-il possible qu’il y ait tant de fumée sans feu ? La question se pose bel et bien à propos du service départemental d’incendie et de secours (SDIS). Le procureur de la République en effet a diligenté une enquête après les allégations qui avaient été portées contre la direction des pompiers de la Somme. Et les premières auditions auxquelles ont procédé les fonctionnaires de la police judiciaire ont provoqué l’effet d’un véritable séisme au siège départemental des soldats du feu, allée du Bicètre, à La Hotoie.

Car dans le monde très fermé des pompiers professionnels de la Somme, personne n’avait oublié les deux lettres anonymes, précises et circonstanciées, dont l’une adressée aux autorités et à tous les grands élus de la Somme, dénonçant fin 2013 des dysfonctionnements au sein de la direction du service : embauches familiales, utilisation abusive de voitures de service, de cartes essence et autoroute, cadres mis au placard, etc.

Personne n’a oublié la réponse de la direction : «  Nous portons plainte pour dénonciation calomnieuse afin d’obtenir justice de ces allégations.  » Bizarrement, rien de visible ne s’était passé depuis ces fortes déclarations.

Une mission d’inspection a bien été diligentée par le ministère de l’Intérieur mais curieusement, ses conclusions n’ont jamais été rendues publiques. Et dans la Somme, aucun élu, aucun représentant du personnel, ne s’est élevé pour protester contre des pratiques éventuelles qui seraient contraires à la loi ou à l’éthique de la profession préférée des Français.

Dans le Pas-de-Calais en revanche, le représentant du Syndicat national des sapeurs-pompiers professionnels, Frédéric Monchy, ne mâche pas ses mots : «  Le SDIS de la Somme est gangréné par des situations de clientélisme mises en place par la direction  », affirme-t-il sans fard.

En toile de fond, plusieurs situations qui font jaser de longue date dans les casernes : le colonel Marc Dehédin, directeur du SDIS 80, dont les deux filles et le fils ont été embauchés par le même SDIS80 ; qui, par note de service, a nommé le lieutenant-colonel Olivier Peycru comme numéro deux sans respecter la règle qui veut qu’un directeur-adjoint passe d’abord par un autre département.

En toile de fond encore, la mise en place du régime 24/72 (24 heures de travail, 72 heures de repos) dans les casernes, un régime très avantageux, mis en place sans concertation mais qui pose tant de questions que le préfet lui-même a déposé un recours devant le tribunal administratif.

« Les élus laissent faire »

En toile de fond enfin, cette obscure histoire d’un pompier volontaire, victime d’un accident en intervention, déclaré inapte pour aller au feu mais embauché comme professionnel dans des conditions financières qui ne sont pas précisées. Et qui est également conjoint d’un cadre du SDIS.

Interrogé, le directeur du SDIS, Marc Dehédin, ne nous a pas répondu. Au conseil général, qui pourtant fournit près de la moitié du budget du SDIS (62 M € en 2013), le président Christian Manable, se dit «  pas au courant  » de la situation, nous renvoyant complaisamment sur le conseiller général Pierre Linéatte (PS), président du SDIS, qui ne nous répond pas plus pas plus que le directeur.

Des éléments de réponse seront peut-être apportés demain au conseil d’administration du SDIS (CASDIS) qui se tient à Amiens.

En attendant, le syndicaliste du Pas-de-Calais, tonne : «  Combien coûte le régime 24/72 ? A-t-on baissé la garde opérationnelle ? Quel est le coût des vacations ? Les règles sont-elles respectées ? Aucun élu ne pose ces questions, ils laissent faire et une véritable chape de plomb s’est installée sur le SDIS de la Somme  »