Chinon: la force d’action rapide du nucléaire (Farn), le GIGN du nucléaire….

La force d’action rapide créée éaiaprès la catastrophe de Fukushima a réalisé hier un de ses premiers exercices grandeur nature. Nous avons suivi ces soldats de l’atome.

Chinon (Indre-et-Loire), hier. Les hommes de la force d’action rapide du nucléaire amènent de l’eau dérivée de la Loire vers la centrale. 

 «Les réacteurs n’ont plus ni électricité ni eau, tout est dévasté autour de la centrale et personne ne peut nous venir en aide. » Calmement, Caroline Bernard, directrice de la sûreté nucléaire d’EDF, égrène les ingrédients du scénario noir imaginé pour tester la réactivité de la force d’action rapide du nucléaire (Farn). Ce « GIGN » de l’atome, créé par EDF après la catastrophe de Fukushima au Japon en 2011 pour intervenir en moins de vingt-quatre heures, effectuait hier l’un de ses premiers exercices grandeur nature au cœur de la centrale de Chinon (Indre-et-Loire). D’ici à 2015, 300 hommes équipés de 4 x 4, de camions, barges et engins de levage, seront affectés aux missions « d’urgence radiologique ».

Rétablir le système de refroidissement

Aux abords de la Loire, les équipiers de la Farn déploient leur groupe électrogène et leurs pompes puis déroulent 600 m de tuyaux jusqu’aux réacteurs pour rétablir le système de refroidissement. Objectif : éviter la fusion du cœur et des rejets radioactifs. Spécialistes de la maintenance, de la radioprotection et de la logistique nucléaires, les membres de la Farn s’entraînent vingt semaines par an au cœur des centrales. Quand ses enfants lui demandent ce qu’il fait avec son paquetage commando rempli de masques, de combinaisons de protection et de rations de survie, le chef de colonne Fabien Augereau répond : « Pompier dans le nucléaire. » A 300 m de la centrale, au milieu des vignes, c’est sous une tente kaki que le camp de base est établi. Ici s’entassent 48 t de matériel, plusieurs camions et quatre véhicules tout terrain. « Même si les routes étaient détruites, nos engins nous permettraient de passer dans des zones peu carrossables et on peut aussi mobiliser des hélicoptères », détaille Bernard Camporesi, l’un des chefs d’équipe.

Venue observer l’entraînement de cette unité spéciale, une équipe de télévision japonaise suit pas à pas le déroulement de l’exercice. « Avec 58 réacteurs, la France est un grand pays nucléaire et a de l’expertise, souligne Jun Nishiwaki. Nous voulons montrer ce que Fukushima a changé chez vous en matière de gestion du risque. » Pour rejoindre le plus rapidement possible les 19 centrales françaises depuis les quatre bases logistiques de la Farn, EDF a chronométré tous les trajets, calculé la hauteur des ponts et les itinéraires bis. Mais difficile d’anticiper l’imprévisible : panique des populations, routes inondées ou enneigées. Et surtout de se préparer « à froid » à l’angoissante responsabilité d’être en première ligne pour sauver une centrale en perdition.

Vidéo: http://www.leparisien.fr/espace-premium/air-du-temps/avec-le-gign-du-nucleaire-27-06-2013-2932071.php