Empalot : affrontements entre jeunes et forces de l’ordre….
Les soirées se suivent et se ressemblent dans le quartier sensible d’Empalot à Toulouse. Mardi puis mercredi, des affrontements se sont produits entre quelques jeunes habitants de la cité et représentants des forces de l’ordre.
Mercredi soir, un jeune homme de 20 ans a d’abord été interpellé vers 19 h 30 par les policiers alors qu’il les avait caillassés. La voiture des trois fonctionnaires, visée par plusieurs personnes, avait eu la lunette arrière brisée et le pare-brise étoilé. Un peu plus tard, à partir de 21 heures, rue de Menton, des échauffourées ont débuté entre une poignée de jeunes et la police au cours d’une opération de sécurisation mise en place conjointement par plusieurs services. Depuis les coursives d’un immeuble, de nombreux projectiles incendiaires ont été lancés en direction des forces de l’ordre et, notamment, des policiers à pied. Ces derniers ont dû faire usage de grenades lacrymogènes et de tirs de flashball pour repousser leurs assaillants qui se sont vite dispersés.
Après deux soirées de heurts entre la police et une poignée de jeunes à la cité d’Empalot, la nuit a été calme. La majorité des habitants déplore ces actes. Quelques-uns les comprennent.
Nuit de calme à Empalot. Après deux soirées d’échauffourées entre la police et une poignée de délinquants de la cité, le quartier a retrouvé sa sérénité jeudi soir.
Hier après-midi, Empalot, comme le reste de la Ville rose, était saisi par le froid. Les quelques projectiles incendiaires lancés à destination des policiers les nuits précédentes, n’étaient plus qu’un souvenir. «Les jeunes ont été énervés à cause de l’interpellation, c’est tout, justifie, à la sortie du métro une mère de famille pressée. Mais c’est pas tous les soirs comme ça. Ici on est bien.»
Pour Fatima, 40 ans, «le caillassage, c’est l’expression de la colère de certains habitants. Quand il y a des violences conjugales, un homme qui tape sa femme, il n’y a aucune assistance, estime-t-elle. Par contre, le soir, pour faire des quotas, ils (N.D.L.R., les policiers) viennent chercher des petits vendeurs de shit ou de cigarettes. C’est logique que ça les énerve.»
«Un pic de chaleur»
Les caillasseurs, à peine quelques dizaines, ne sont pas représentatifs de la cité. «Ici, le tissu associatif est bon, note Franck, 24 ans. Il y a quand même des choses à faire. Mais pour ceux qui n’ont pas de travail, c’est facile de revendre des barrettes ou des clopes. Ca devient la seule façon de manger alors quand ils voient les policiers, ils n’aiment pas ça.»
Un observateur implanté dans le quartier analyse les événements des dernières nuits comme «un pic de chaleur. C’est une période traditionnellement propice à ces débordements. ça ne veut pas dire qu’Empalot, c’est Chicago. Au contraire, des efforts ont été faits pour le bien-être des habitants. Les locaux pour les poubelles ont été sécurisés pour éviter les incendies par exemple.»
De son côté, la police a engagé un travail de proximité et de cohésion avec les habitants de ce quartier comme de ceux d’autres cités sensibles. Les policiers interviennent auprès des associations, des écoles et des particuliers dans un souci d’information et de prévention. Un travail qui n’est pas remis en cause mais certains habitants à l’image de William, 18 ans, déplorent le manque d’infrastructures. «Il n’y a pas grand-chose à faire ici… à part la médiathèque là. Mais j’ai pas forcément envie d’y aller.»
Les policiers caillassés au quotidien
«Le caillassage est le quasi-quotidien des policiers», a déploré, jeudi, le procureur Coquisart alors qu’elle requérait contre un jeune homme de 20 ans, prévenu d’avoir caillassé des fonctionnaires de police en début de semaine aux Izards. Celui-ci a été condamné à six mois de prison dont trois ferme.
Une fois dans l’immeuble, les policiers ont retrouvé, dans une coursive, un engin incendiaire et des galets. Des recherches ont été engagées mais elles n’ont pas permis de mettre la main sur les auteurs de ces violences urbaines.
Le jeune homme interpellé en début de soirée a été jugé hier, devant le tribunal correctionnel. Il a été condamné à six mois de prison dont trois avec sursis mise à l’épreuve. Il est ressorti libre.
Hier, en fin d’après-midi, cheminement Auriacombe, dans le quartier voisin de la Reynerie, un affrontement, vite maîtrisé, a opposé jeunes des cités et policiers.