Haute-Garonne: alerte maximum au moustique tigre…

Le moustique tigre, vecteur principal de la transmission de la dengue et du chikungunya./ Archive AFP

Après un printemps humide, les fortes chaleurs facilitent le développement des moustiques. Une situation qui préoccupe les autorités concernées.

Avec l’arrivée des fortes chaleurs, la Haute-Garonne poursuit son plan démoustication lancé début mai. Chaque année c’est la même chose, les diptères provoquent des nuisances : piqûres, démangeaisons et nuits infernales au son des bourdonnements stridents.

S’il s’agit d’une question de confort, l’arrivée d’une nouvelle espèce risque de rendre le sujet plus critique. Le moustique Aedes albopictus, dit «moustique tigre», originaire d’Asie a été repéré dans la région. Pour l’Agence Régionale de la Santé, la présence du «petit» tigre (2 à 8 mm) dans le département doit être prise au sérieux (voir encadré).

L’information vient du nouveau site internet vigilance-moustiques.com. Ce site défini chaque jour des niveaux d’alerte par département vient de placer la Haute-Garonne au niveau maximal. Le tigre est déjà considéré comme implanté et actif dans la région.

Ne pas céder à la panique

Pour anticiper tout affolement, Claire Baudinat, adjointe à la prévention et à la gestion des alertes sanitaires de l’ARS, préfère tempérer : «Le plan anti-dissémination est lancé chaque été. Au niveau actuel (niveau 1 sur 3) il s’agit d’une veille qui peut être renforcée en cas d’alerte. Mais dans la région, il n’y a rien d’anormal.»

Pour l’ARS, vigilance-moustiques.com n’agirait pas par pur altruisme. Le site internet est directement lié à la société Manouka, une marque de Laboratoire-A, spécialisé dans le commerce des répulsifs.

Pour le Dr Pascal Fabre, chef du programme de l’ARS «Ce site d’information n’est pas reconnu par l’État. Concernant ce site, nous avons saisi le ministère. Le seul réseau de surveillance fiable est l’EID Méditerranée.»

Aucune infection à déclarer

Pour l’EID justement, la tendance serait à un retour à la normale après un printemps humide. Mais même en cas de présence du tigre, le risque d’épidémie est faible : «Il n’y a pas d’infection à déclarer pour le moment, seul des cas isolés de dengue au Mirail suite à des voyages. Le plus dur c’est de savoir si la maladie est contractée sur place. Mais sans contact avec un malade, les moustiques sont inoffensifs» précise le Dr. Fabre. Au-delà du désagrément de la piqûre, il n’y a donc pour le moment aucun risque sanitaire.

En attendant, les pharmacies profitent de la demande ; bracelet, répulsif et spray se vendent comme des petits pains.

Ces pharmacies «sentinelles» du site internet, censées être des relais d’information entre les départements et vigilance-moustiques, qui au final s’avèrent être de simples clients de la société Manouka. Vu le succès des produits dudit laboratoire, le niveau d’alerte maximal risque de durer une bonne partie de l’été. Après tout, comme le laissait entrevoir les conditions météo, c’est l’année des moustiques.

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Un tigre a prendre au sérieux:

Arrivé en Italie il y a une vingtaine d’années, l’Aedes albopictus dit moustique tigre est originaire d’Asie du sud-est. Doté d’une grande plasticité, il a pu quitter sa zone tropicale d’origine pour s’adapter aux climats tempérés. Le moustique tigre n’est pas porteur de virus, mais une fois infecté, il est un vecteur de transmission de la dengue et du chikungunya, des maladies exotiques potentiellement létales. Responsable des deux épidémies marquantes survenues à la Réunion en 2006 et dans les Antilles en 2010, le moustique tigre est depuis surveillé par les structures de veille sanitaire. Lent et de petite taille, il se développe près des habitations. Il est donc fortement recommandé de limiter les sources d’eau stagnantes, de manière à freiner sa progression sur le territoire.

Le chiffre : 17

départements > Envahis par le tigre. Ils sont 17 départements du sud de la France concernés par l’épidémie de moustiques tigres. Une évolution constante depuis 2004 et son arrivée en France. D’autres départements devraient être touchés cet été, la présence du tigre a été signalée en Gironde et en Bourgogne. Il affectionne les pneus de camion pour ses larves, d’où son évolution le long des principaux axes routiers.