Marseille : la menace de chavirage pour le Napoléon Bonaparte toujours pas exclue…

Le ferry de la SNCM qui a pris l’eau dimanche  dernier dans le port de Marseille, après avoir rompu ses amarres sous la pression d’un vent violent, est loin d’être tiré d’affaire. Selon le site de la Provence, alors que la compagnie a précisé mardi que le Napoléon Bonaparte ne pourra pas reprendre ses liaisons avec la Corse avant février 2013, de nouveaux calculs sont en cours pour évaluer le risque de chavirage.

Ce scénario catastrophe est pris très au sérieux par la compagnie qui a considérablement ralenti les opérations de pompage débutées il y a deux jours.

Les pompes ne sont utilisées actuellement qu’à seulement 10% de leur capacité et n’ont servi pour l’heure qu’à vidanger des locaux non vitaux. Outre le risque d’une déstabilisation brutale du navire, de grandes inquiétudes sont nées au cours des dernières heures concernant la capacité de résistance de la structure du Napoléon Bonaparte aux efforts énormes auxquels elle sera soumise lors du pompage des quelque 80 000 m3 d’eau de mer qui l’ont envahi.

Des calculs complexes sont en cours pour évaluer ce risque et mettre au point un mode opératoire qui le réduise au maximum. Une importante réunion de travail s’est tenue vendredi sur le port de Marseille afin de déterminer les conditions dans lesquelles les dizaines de milliers de tonnes d’eau contenues dans le Napoléon Bonaparte peuvent être évacuées sans mettre en péril le navire. Des ingénieurs du chantier naval STX de Saint-Nazaire où a été construit le car-ferry, sont arrivés dans la cité phocéenne afin d’apporter leur expertise.

Un sauvetage jugé délicat

Il n’est pas exclu que des moyens lourds (grues géantes, barges, etc.) soient appelés en renfort pour soutenir le bateau au moment le plus délicat des opérations de pompage. Pour mener à bien ce sauvetage délicat en réunissant autour d’elle les meilleures compétences, la SNCM a confié la maîtrise d’ouvrage du chantier à DCNS Toulon et sa maîtrise technique à Acti (La Seyne-sur Mer).

Prise très au sérieux, la menace d’un chavirage du Napoléon Bonaparte est notamment liée à un phénomène bien connu des ingénieurs navals : celui dit de «la carène liquide». Il s’agit en fait d’un déplacement brutal des masses d’eau contenues dans le navire, déplacement qui pourrait le déséquilibrer tout aussi brusquement. Pour limiter ce risque, la SNCM a fait procéder au remplissage complet des ballasts (réservoirs internes) du ferry.

Le Napoléon Bonaparte, navire amiral de la SNCM, dessert principalement les ports de Bastia et d’Ajaccio. Mis en service en 1996, il mesure 172 mètres de long et 30,4 mètres de large, et peut transporter 2.650 passagers (soit le plus gros ferry de la SNCM en termes de capacité) et 708 voitures. Cet incident représente un coup dur pour l’ancienne compagnie publique, détenue par Veolia (66%) et l’Etat (25%, les 9% restants revenant aux salariés), qui est confrontée à des pertes, une rude concurrence et aux incertitudes de la desserte publique de la Corse.