Narbonne: l’A9 bloquée 5h par un incendie monstre…

Ci-dessus, les rotations des canadairs, en bas, la mairesse de Peyriac-de-Mer Catherine Gouiry constate l'étendue des dégâts./ Photos DDM, RG et JMG.

Un violent incendie s’est déclenché hier dans l’Aude. Il a piégé pendant plus de cinq heures des milliers d’automobilistes sur l’A 9 au sud de Narbonne et sur le réseau secondaire. L’autoroute a été rouverte hier soir.

Ils ont vécu un calvaire, bloqués sur l’A9 au sud de Narbonne, pris au piège d’un gigantesque incendie attisé par le vent violent. Sur la route des vacances, des milliers d’automobilistes français et européens ont été bloqués, hier, dans leurs voitures, sous le soleil, dans la fumée et les bruits des canadairs tournoyant dans les airs.

Le cauchemar a commencé peu avant midi. Un feu de broussailles, dont l’origine est inconnue, a démarré sur une zone accidentée, dans une forêt proche de Peyriac-de-Mer, un petit village audois.

Attisé par un fort vent du nord-ouest, avec des rafales atteignant jusqu’à 100 kilomètres/heure, l’incendie a rapidement progressé, encerclant des habitations, se rapprochant de Narbonne. En début d’après-midi, les flammes ont même sauté par-dessus le long ruban d’asphalte de l’autoroute A 9.

Par mesure de précaution, pour éviter des accidents liés au manque de visibilité, les autorités et le gestionnaire de l’autoroute, Vinci, ont alors pris la décision, vers 14 h 30, de couper la circulation sur l’A 9, dans les deux sens entre Narbonne et Sigean. Pour les automobilistes, le piège s’est alors refermé et, pour certains, une longue, très longue attente, a commencé, marqué par l’inquiétude, l’angoisse, l’énervement.

Cette situation a commencé à provoquer d’importants bouchons en aval et en amont, la société Vinci Autoroutes et les secours retenant les automobilistes à distance du sinistre, pour assurer leur sécurité.

Vers 17 heures, le bouchon a atteint 17 km dans le sens nord sud et 13 km dans le sens sud nord. Vers 17 h 30, pour tenter de désengorger le flux des voitures coincées, la préfecture de l’Aude a pris la décision de démonter les glissières de sécurité, ouvrant ainsi au nord et au sud du sinistre un corridor sur le terre-plein central de l’autoroute afin de permettre aux véhicules de faire demi-tour, soit vers Narbonne, soit vers Sigean, et permettre aux automobilistes de passer la nuit sur une aire de repos, en ville ou dans un hébergement.

L’autoroute a été fermée pendant plus de cinq heures

En revanche, aucune échappatoire n’était possible par le réseau secondaire également menacé par le feu et présentant des signes évidents d’engorgement.

La RD 6009 (ex-Nationale 9) a été fermée au sud de Narbonne.

Pour éviter une aggravation des bouchons, dépassant probablement une centaine de kilomètres cumulés sur l’ensemble des axes de la région, l’entrée de l’autoroute a été interdite à partir de Béziers au nord, à Leucate en venant du sud et à Lézignan (autoroute A61) en venant de Toulouse.

Les accès ont en outre été déconseillés jusqu’à 50 kilomètres environ de l’incendie. Les seuls itinéraires alternatifs possibles passaient par de petites routes dans les Corbières, au prix d’un temps de trajet significativement plus long.

L’autoroute a été rouverte à 19 heures

Saturée, engorgée, la ville de Narbonne a enregistré d’énormes embouteillages pendant plusieurs heures. La pagaille était indescriptible sur la célèbre place des Pyrénées. Pour faire face à la situation, la ville a réactivé sa cellule de crise. Le parc des expositions a été ouvert pour permettre au public de se rafraîchir et de stationner sur le parking.

Sur ordre de la préfecture de l’Aude, Réseau transport d’électricité (RTE) a mis hors tension les deux lignes électriques qui alimentent Port-La Nouvelle. Toutefois, l’essentiel des clients d’ERDF étaient repris en moyenne tension.

Trois départs de poste d’alimentation étant coupés, 5 000 clients de Port-La Nouvelle et 300 de Peyriac-de-Mer étaient hier en fin d’après midi sans électricité.

Progressivement, les pompiers sont parvenus à maîtriser la situation (lire ci-contre). L’autoroute a été rouverte à 19 heures en direction du nord et de Montpellier. Vu l’ampleur des bouchons, le flot des véhicules a mis longtemps à s’écouler jusqu’à tard, hier, dans la soirée.

 

L’incendie maîtrisé en fin de soirée

Près de 300 pompiers de l’Aude, des Pyrénées-Orientales et de l’Hérault ont combattu hier après-midi, avec l’aide d’importants moyens aériens, le violent incendie de garrigue.

À 18 heures, plus de 200 hectares étaient déjà détruits, selon les pompiers de l’Aude, qui ont dû lutter dans des conditions délicates en raison de la force des rafales de vent attisant les flammes.

Face à l’importance du sinistre, les secours ont mobilisé au fil de l’après-midi une quarantaine de pompiers supplémentaires venus en renfort des Pyrénées-Orientales et autant de l’Hérault.

Le nombre des bombardiers d’eau Canadair est passé progressivement de quatre à six, auxquels se sont ajoutés deux avions Trackers et un Dash, déversant des produits retardants sur le feu.

À force de rotations de bombardiers d’eau, les secours ont réussi en fin d’après-midi à desserrer l’étau des flammes. À 20 heures, plus de 500 hectares de garrigue étaient détruits, selon les pompiers de l’Aude, qui ont mis huit heures pour «stabiliser la situation». Ce n’est qu’à la tombée de la nuit que le feu a été maîtrisé, a indiqué un responsable des opérations vers 23 heures.

Dans un communiqué publié hier soir, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a «salué l’action de toutes les forces mobilisées dans l’Aude pour faire face au premier gros sinistre de l’été».

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