Sdis 18(Cher): les SPP réclament que chaque heure de présence à la caserne soit payée…
Un conflit oppose le syndicat majoritaire de pompiers professionnels de terrain à la direction du Sdis du Cher. Avec l’appui d’une directive européenne, ils veulent être payés pour chaque heure de présence.
La direction du service départemental d’incendie et de secours (Sdis) du Cher et le syndicat CFDT Interco 18 doivent se rencontrer aujourd’hui pour la quatrième fois depuis la rentrée de septembre à propos du temps de travail des pompiers professionnels.
C’est la conséquence d’un mouvement de grogne qui touche plusieurs départements français et concerne les pompiers professionnels de terrain. Ces derniers souhaitent être payés pour toutes leurs heures de présence dans les casernes de Bourges (Danjons et Gibjoncs), Vierzon et Saint-Amand-Montrond – partout ailleurs, ce sont des pompiers volontaires.
« Les pompiers qui font des gardes de vingt-quatre heures ne sont en réalité payés que seize heures, explique Thierry Foltier, secrétaire général du syndicat CFDT Interco 18, majoritaire dans le Cher. […] »
Décret contesté
Le point d’achoppement entre la CFDT et le colonel Dominique Pescher, directeur du Sdis du Cher, vient du décret que la France est en train de préparer pour se mettre en conformité avec la directive européenne.
La CFDT conteste d’ores et déjà ce projet de décret, qui devrait s’appliquer dès début 2014. « Il ne répond qu’a minima à la mise en demeure, regrette Thierry Foltier. Il sera attaqué en justice, mais cela prendra du temps. »
« Ce nouveau décret traduit en droit français la décision européenne, rétorque Dominique Pescher. Il dit deux choses. Il établit un compteur “sécurité et santé”, où une heure vaut effectivement une heure?; ce qui entraîne l’impossibilité de travailler plus de 1.128 heures par semestre. Mais il maintient la possibilité de d’avoir des équivalences au niveau d’un compteur “paye”. »
Ces équivalences, qui s’appliquent depuis des années dans le Cher, font que les pompiers professionnels ne sont pas payés durant huit heures lors de leurs gardes de vingt-quatre heures, mais disposent de jours de repos.
Proposition refusée
Dans le Cher, selon la direction, les professionnels non logés travaillent 95 gardes par an et les logés en caserne, 127 gardes. Avec le nouveau décret, tous passeraient à 94 gardes?; mais toujours payées seize heures sur vingt-quatre.
La direction a proposé de passer à dix-sept heures payées, mais « cette proposition a été rejetée massivement par les sapeurs-pompiers, selon le syndicaliste Thierry Foltier. Il y a une évolution des mentalités des sapeurs-pompiers professionnels à propos du temps de travail, ajoute-t-il. […] Une heure de travail doit être payée une heure. »
« C’est impossible en raison de nos capacités financières qui sont contraintes, assure le colonel Dominique Pescher. Appliquer le “une heure pour une heure” reviendrait à créer 60 à 70 postes. » Yvon Beuchon, président du conseil d’administration du Sdis du Cher et conseiller général (DVG) du canton de Saint-Doulchard, appuie : « On ne peut pas augmenter la masse salariale sans déséquilibrer l’édifice. J’ai donc demandé au colonel de trouver un système pour que tout le monde soit content, mais sans augmenter la dépense. »
[…] Manquant de volontaires en journée (parce qu’ils ont généralement un travail), Dominique Pescher souhaite également disposer de plus de professionnels en journée et donc moins la nuit et le week-end. Une expérimentation a été menée à Saint-Amand-Montrond (des pompiers pros en cycle de douze heures, d’autres en vingt-quatre heures et des renforts de volontaires). Elle pourrait s’étendre à Bourges et Vierzon.