Plus de quatre mois après l’agression, la justice s’est de nouveau penchée hier sur la violente altercation entre garçons des cités et des pompiers. C’était le samedi 3 août et l’incident, violent, a laissé des marques. Les trois pompiers victimes ne l’ont pas caché hier devant les juges d’appel.
Une vingtaine de collègues, des officiers et le directeur du service départemental d’incendie et de secours, le colonel Touflet, les soutiennent dans la salle d’audience. Bellile Diab, 21 ans, compte sur trois proches, sa famille, à qui il sourit. «On me reproche des choses que je n’ai pas faites. Je suis seul et on me met tout sur le dos», lâche tout de suite ce père de famille.
Les victimes parlent «de furie», d’un homme «surexcité». Difficile à imaginer à l’observer s’agacer, frêle sur son banc. Et pourtant. Insultes, menaces, celui qui voulait «des explications» suite à un très hypothétique coup de volant du chauffeur de l’ambulance, admet «ses erreurs». Il conteste en revanche avoir lancé un pavé sur l’ambulance qui quittait le quartier sans avoir pu porter secours. Un crève-cœur pour les trois professionnels. Quatre mois après, ils ne l’ont pas digéré. «Notre devise, c’est sauver ou périr. On n’a pas pu porter secours», regrette toujours un membre de l’équipage. Son chef insiste : «Notre principe c’est de porter secours, pas d’agresser les gens».
Me Boguet, avocat des pompiers, ironise sur le prévenu «qui voulait des excuses ! De qui se moque-t-on ?» et sur ses mensonges, piégé par une photo où il est habillé de jaune comme l’ont toujours dit les victimes quand, depuis son arrestation, il affirme qu’il était en blanc. D’ailleurs l’avocat général Gâté aggrave les réquisitions : trois ans dont un avec sursis. Diab avait pris deux ans en correctionnelle.
La cour rendra sa décision le 8 janvier. Et méditera sur les efforts de la défense. «Pas pour excuser les faits», ont prévenu Mes Parra Bruguière et Etelin. Faits «inexcusables» insiste Me Etelin. «Ce n’est pas les pompiers que Diab visait. Pour lui c’est une querelle d’automobilistes», essaye Me Parra Bruguière. Et Me Etelin s’est efforcé, au-delà du contexte, de démontrer que l’entrave aux secours n’existait pas. «Il n’y a jamais pensé. Ce n’était pas son but».